Renforcer l’efficacité du soin et de l’accompagnement social grâce à la pair-aidance

Stéphane et Pierre ne sont ni médecins ni psychiatres mais ils accompagnent les équipes qui souhaitent engager des pairs-aidants pour accompagner plus et mieux les patients. Ils sont ce qu’on appelle des pair-aidants, des personnes qui ont choisi de « mettre leur vécu au service des autres. » Une approche professionnelle encore trop peu reconnue en santé mentale qui conduit la HEPN et ses partenaires, à développer une formation spécifiquement dédiée : le MOOC Tuto3.

Si la pratique se présente comme innovante chez nous, la pair-aidance est pourtant un concept qui n’est pas neuf. Les Alcooliques Anonymes- les A.A. que tout le monde connait, en sont un des premiers exemples : des patients qui ont connu des problèmes d’addiction, de décrochage social se retrouvent avec d’autres qui ont connu des situations semblables et échangent afin de s’entraider pour sortir des difficultés. Aux États-Unis, le pair-aidant a fait son entrée officielle dans les institutions médicales dans les années 80. Chez nous, en Belgique, ce n’est que depuis 2020 que des institutions franchissent le pas d’engager des pairs-aidants.

Cette évolution récente dans nos structures s’explique par le développement des approches collaboratives avec les usagers et leur place dans le parcours de soin. Désormais, le patient est considéré comme un partenaire actif.

Mais, concrètement qui sont les pair-aidants ? Comment ça marche ?

Ce n’est pas parce qu’on a connu une situation difficile qu’on devient pair-aidant automatiquement. Il s’agit d’un métier qui nécessite clairement une démarche et une certaine posture. Comme précise Stéphane Waha, pair-aidant : « Il y a une prise de recul qui est vraiment indispensable. Il faut s’interroger sur son parcours, lui donner un peu de sens. Dans tout ce que j’ai vécu, qu’est-ce qui peut aider quelqu’un d’autre ? » À côté de ce travail de réflexivité, le relationnel compte pour beaucoup. Il faut se sentir suffisamment à l’aise pour pouvoir parler de ses difficultés personnelles face aux autres même si le moment de rupture est passé.

Pour la reconnaissance d’un statut

L’asbl PAT, partenaire de la HEPN, cherche à déployer et professionnaliser la pair-aidance en région wallonne. Certaines institutions recourent encore trop souvent au bénévolat alors qu’un réel travail psycho-social est réalisé.

L’autre enjeu de taille réside dans l’intégration pleine et entière des pair-aidants au sein des équipes. En matière de santé mentale, il existe encore un tabou sociétal. Sur le terrain, on peut parfois ressentir des réticences, parfois vives, chez les professionnels de la santé. Est-ce que je peux compter sur mon pair-aidant ? Ne va-t-il pas lui-même rechuter ? Avec le patient, la confiance est facilement établie. Mais, clairement, il y a encore un travail à faire, de la légitimité à gagner auprès des intervenants du milieu médical. Et, ce ne sera possible qu’à une double condition : d’une part, former les pair-aidants et, d’autre part, sensibiliser leurs futurs collègues, médecins, infirmiers, aides-soignants.

Une plus-value dans le processus de rétablissement

Quand une personne est dans la difficulté, c’est difficile pour elle de se projeter dans le futur, dans de nouveaux projets. La grande plus-value de la pair-aidance est de permettre aux personnes d’envisager l’après, avec une perspective positive. « Le pair-aidant, c’est un porteur d’espoir » comme le soulignent si justement Stéphane et Pierre de l’asbl PAT. « moi aussi, j’étais dans ta situation où tout paraissait noir, où le bout du tunnel n’était pas visible. Et, bien moi, je peux dire qu’il y en a un. J’y suis arrivé. Et, il y a de bonnes chances que toi aussi. »

Ressources : publication du Smes Le développement de la pair-aidance professionnelle https://smes.be/fr/developper-la-pair-aidance-professionnelle/

Cartographie des lieux de pair-aidance https://cartographie-pair-aidance.be/