La classe inversée, comme son nom l’indique, consiste à inverser le concept traditionnel de la classe. Pour simplifier, la prise de connaissance des contenus se fait à domicile ou dans tout lieu mis à disposition des apprenants, et les mises en pratique ou échanges se font en classe, en présentiel. L’accent est alors mis sur la qualité des apprentissages en classe via, par exemple, la mise en place de tâches problèmes, de discussions et de débats en vue d’assurer une assimilation de la matière.
Tout comme pour l’enseignement « traditionnel », afin d’assurer un enseignement de qualité, il est important de veiller à la cohérence entre les objectifs et compétences à atteindre, les méthodes pédagogiques et les évaluations des apprentissages (formative, certificative, par les pairs, etc.). Il convient donc de bien définir la finalité escomptée et d’articuler les méthodes de formation et d’évaluation autour de celle-ci, de respecter l’alignement pédagogique.
Nous pouvons donc transposer ce concept au domaine de la formation.
Deux types de modalités inversées
Le premier propose au formateur de mettre des ressources théoriques, du contenu de formation à disposition des apprenants. Ces ressources peuvent être de formats variés ; podcasts, vidéos, articles scientifiques, etc. Les apprenants sont amenés à prendre connaissance de ces ressources, relever les éléments théoriques pertinents et éventuellement préparer une synthèse de ce qu’ils auront appris. Les compétences mobilisées sont alors celles de l’apprentissage, de la capacité à établir des liens, de la mémorisation ou encore du questionnement. La partie du cours en classe est alors centrée sur la consolidation des savoirs en utilisant et transférant la théorie apprise en vue d’approcher de nouvelles situations. Les apprenants doivent alors comprendre, appliquer, investiguer et transférer les savoirs à d’autres contextes.
Le deuxième type invite à une démarche un peu plus constructiviste des apprentissages, voire socioconstructiviste via les échanges avec les pairs. En effet, pour la partie effectuée à distance, les apprenants sont amenés à devoir chercher des informations eux-mêmes, individuellement ou en groupe. Ils rassemblent divers éléments, les structurent et éventuellement préparent une présentation afin d’expliquer ce qu’ils auront appris et pouvoir échanger avec les autres apprenants. Ainsi, lors du cours en présentiel, les apprenants discutent et débattent sur les ressources trouvées et notions théoriques apprises. Ils peuvent donc identifier des éventuelles différences et relever les similitudes. Cette démarche permet en outre de développer leur esprit critique sur la pertinence des ressources consultées. Les compétences mobilisées sont alors celles de la communication, de l’analyse, la réflexivité et la modélisation.
Ces deux modalités sont bien entendu combinables pour un subtil mélange pédagogique.
Le focus de la classe inversée est donc le présentiel !
Les tâches proposées se doivent d’être motivantes afin de responsabiliser l’apprenant, pertinentes sur le plan personnel, social et professionnel, d’un niveau cognitif élaboré et interdisciplinaires. L’apprenant doit être mis face à un défi qui lui permette d’interagir avec ses pairs et le formateur. Un des gros avantages de la classe inversée est l’augmentation des interactions. Les apprenants sont ainsi davantage acteurs de leurs apprentissages que dans un enseignement plus traditionnel.
Cette méthodologie instaure aussi un changement de posture de la part du formateur ; il n’est plus un « simple » transmetteur de savoir, mais il devient un véritable accompagnateur, guide, attentif aux besoins des apprenants dans l’acquisition de leurs savoirs et compétences.
Il est cependant important de noter que pour le formateur, la mise en place de ce type de méthodologie peut se révéler être davantage chronophage. En effet, la mise à disposition de ressources théoriques peut demander un travail supplémentaire de recherche et de création. Les ressources proposées à distance doivent donc être réfléchies, construites et proposées dans un soucis de design pédagogique efficient pour l’apprenant et l’apprentissage.
Enfin, pour l’apprenant, il est important de tenir compte, dans son parcours de formation, de l’engagement cognitif et du temps d’apprentissage en dehors de la classe.
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Ressources théoriques :
- Brame, C. (2013). Flipping the classroom. Vanderbilt University Center for Teaching. Retrieved [todaysdate] from http://cft.vanderbilt.edu/guides-sub-pages/flipping-the-classroom/.
- Floare, G. (2017). Avantages et inconvénients de la classe inversée. Studii Şi Cercetări, n°16. Editura Universităţ din Piteşti
- Lebrun, M., Gislon, C. & Goffinet, C. (2016). Vers une typologie des classes inversées. Contribution à une typologie des classes inversées : éléments descriptifs de différents types, configurations pédagogiques et effets. Louvain Learning Lab.
- Lecoq, J. & Lebrun, M. (2017). La classe à l’envers pour apprendre à l’endroit : guide pratique pour débuter en classe inversée, Louvain Learning Lab.