Form@Nam travaille actuellement, en partenariat avec le Pôle Académique de Namur, au lancement d’une communauté de pratique. On y traitera d’hybridation pédagogique. Mais de quelle façon ? Le terme communauté de pratique recouvre des réalités différentes en fonction de qui l’utilise. À défaut de chercher à faire le tour du sujet, nous vous présentons quelques caractéristiques qui nous inspirent tout particulièrement.
En deux mots : communauté - pratique
La communauté de pratique, c’est avant tout un regroupement d’individus. Ceux-ci se réunissent autour d’une thématique ou d’un domaine commun. Ils interagissent régulièrement pour partager de manière collaborative leurs connaissances, outils, pratiques et initiatives.
5 traits intéressants sur une communauté de pratique
1. Plus qu'une relation fonctionelle
La communauté de pratique n’est pas qu’un espace d’échanges de connaissances ou de résolution de problèmes. Autrement dit, la relation des membres à la communauté n’est pas que fonctionnelle, elle est aussi affective et identitaire. Elle génère notamment un sentiment d’appartenance. Ce facteur est renforcé par le niveau d’engagement des membres au travers de leurs interactions.
L’équilibre entre ces types de relation conditionne le cycle de vie d’une communauté de pratique : c’est un processus organique, qui se maintient au rythme de la participation et de l’engagement.
2. L’expérience collective et les projets individuels
Une communauté de pratique est un projet collectif qui articule délicatement une série de projets individuels. Bien qu’il y ait une thématique commune, chacun y vient avec son expérience et son questionnement propres. L’enjeu est pour eux de pouvoir transférer des acquis de la communauté de pratique dans leur pratique personnelle.
Toutefois, comme nous l’évoquions au point précédent, il y a une expérience collective qui se crée à partir des projets individuels et qui les dépasse. Ce cadre-là permet notamment l’émergence de nouvelles pratiques et d’innovation.
3. De l’auto-organisation vers une culture de groupe
Une caractéristique récurrente des communautés de pratique est qu’elles sont auto–organisées. Cela peut prendre des allures fort différentes, mais esquissons l’idée : elles fonctionnent indépendamment d’une hiérarchie et trouvent en interne ses ressources de gestion. C’est donc un espace social qui doit s’inventer sur mesure et qui peut éventuellement se reconfigurer sur le temps.
Une culture de groupe s’installe et se traduit en plusieurs aspects. Par exemple, dans l’encouragement à la collaboration ou l’entraide, dans le respect et la bienveillance. Mais aussi dans le fait que chacun des membres tient une place également importante dans cette communauté et peut y prendre la parole et participer.
4. Chacun est porteur de savoir et d’ignorance
L’importance égale de chacun des membres vaut également pour la question de l’apprentissage. Dans la communauté de pratique, il n’est pas question d’un expert qui dirige l’apprentissage. Au contraire, ce dispositif prend comme postulat que chacun est à la fois porteur de savoir – et porteur d’ignorance – et peut se faire apprenant.
Il y a donc une dynamique de réciprocité pédagogique, qui d’ailleurs est aussi à l’avantage de celui qui se met dans la posture de l’enseignant : en enseignant, on renforce ses propres savoirs.
5. Engagement temporel, psychologique et professionnel
La communauté de pratique peut donc être le lieu d’ajustement dans la pratique professionnelle (ou autre). S’il y a changement, il ne faut pas nécessairement l’envisager sur le mode de la rupture, mais plutôt de la continuité : en effet, chacun, selon son propre projet, vient retirer de la communauté des clefs d’interprétation pour son expérience propre.
Amener ces changements requiert un engagement sur trois niveaux :
- De l’engagement temporel : il faut du temps et de la disponibilité ;
- De l’engagement psychologique : il faut entrer dans la relation d’échange et de partage de connaissance ;
- De l’engagement professionnel : il faut une intention de se développer professionnellement.
On retiendra notamment les rôles clés de l’engagement et de la participation : non seulement, cela permet de créer une expérience commune qui fait exister la communauté, mais c’est aussi ce qui permet les transformations individuelles.
Lancer une communauté de pratique, c’est résoudre une équation à plusieurs inconnues. La formule est par définition à géométrie variable et se rit bien de la certitude des grands théorèmes. Il faudra donc essayer, ajuster, revoir pour trouver ces équilibres. Mais ce sera une expérience riche : nous ne serons pas seuls, c’est en groupe que nous ferons cette démonstration.